La Panne : slow tourisme, plage et belgitude

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Quand nous étions petits, le premier dimanche ensoleillé de l’année, nos parents nous emmenaient « à la mer », rituel magique et attendu tout le printemps. En ce dimanche ensoleillé, premier jour ensoleillé du mois d’août 2023, c’était à notre tour d’emmener nos enfants vivre l’expérience de l’escapade sur la côte de la Mer du Nord. Direction La Panne !

Et sur le retour, emplis de satisfaction et de sable dans les chaussettes, l’évidence est apparue : le concept de journée à la mer a changé. Mother in Lille, au travers de son expérience personnelle, vous propose de jouer aux quatre différences : la journée à la mer des années 90 versus celle de 2023.

1. On peut éviter les 3 heures de bouchon de l’A1 !

La mer, ça nous semblait loin, très loin avec les bouchons de l’A1 dans la grosse berline vers le spot de la côte où nos parents avaient leurs repères et savaient où se garer et poser la serviette en face du drapeau vert. Aujourd’hui, l’horizon de la plage semble s’être bien étendu, avec la facilité galopante à s’informer et le développement des modes de déplacement.

Cap sur La Panne donc, en embarquant avec les vélos dans le TER Lille-Dunkerque (1h08, 17,80 pour 4) et profiter d’une belle balade le long de la côte, sur la véloroute à travers les dunes. En train par la Belgique, on peut y être de gare à gare en deux heures.

Car seul le panneau de la frontière entre la France et la Belgique sépare Bray-Dunes de la Panne, mais quel symbole ! Ce passage, même si les douaniers et la fouille ont disparu, donne à l’escapade une autre dimension : on va à la mer oui, et en plus dans un autre pays !

2. L’image des villes de bord de mer a changé

Dans nos yeux de petits, La Panne avait une image qui faisait rêver dans le magazine télé : des enfants dévalant bouche ouverte et bras levés des toboggans aquatiques ; on savait que les parents prendraient sur eux-mêmes s’ils acceptaient un jour de nous y amener. En 2023, la surprise d’un parent est justement que La Panne est tout sauf un lieu aux couleurs vives où les enfants ne seraient qu’un prétexte pour que parents-touristes cèdent en offrant à leurs enfants moult tentations d’amusement. La ville est l’exemple de ces villes balnéaires qui proposent des activités et des découvertes novatrices par leur simplicité.

3. Un programme sur mesure selon âge et intérêts des enfants

En arrivant à vélo par le centre, la première visite pour un tourisme « so 2023 » est étonnamment… l’indétrônable Office de Tourisme. À l’heure où le repérage préalable des meilleures activités à faire avec des enfants est tellement simple, sa plus-value réside justement dans l’accueil humains et les conseils personnalisés selon le profil de la famille et les centres d’intérêts des enfants qui sortent des sentiers battus. A La Panne, les enfants ont écouté « la dame » , captivés par son surligneur traçant le parcours des activités possibles sur un plan, adaptés au profil de la famille et aux goûts de chacun.

Et c’est là que « la dame » devient l’alliée des parents : en recevant des chasses aux trésor sur papier, sur smartphone, des bingos avec cases à tamponner, des petits cadeaux à la clé… qui l’eût cru, ce sont bien nos enfants qui nous ont demandé d’ajouter au programme les balades pour voir les villas historiques du quartier Dumont, ou les dunes… et de faire un détour pour prendre un selfie devant la statue de Léopold 1er avant de se rendre bien sûr à la première étape qui s’impose : la plage !

Au fil des années, les pâtés, les parasols, les cerfs-volants sont toujours là. Mais ce premier jour de grand soleil depuis des semaines, où nous avons pu tenter même nous plonger dans la mer, nous étions bien plus à l’aise pour courir et sauter dans le sable que dans nos souvenirs.

Une grande partie des familles étaient apparemment occupées sur la digue, avec des jeux et animations sportives encadrées et proposées gratuitement par la ville. Bref, hormis l’obligatoire glace, sans s’en rendre compte, une demi-journée s’était écoulée sans que l’on n’ait sorti le porte-monnaie – même si on compte bien le sortir dans quelques années pour l’initiation au char à voile. La Panne est une station balnéaire qui se veut résolument accessible à tous : adaptée aux personnes à mobilité réduite, aux différents budgets, centres d’intérêt, à la diversité – et c’est en observant les promeneurs que l’on voit qu’il ne s’agit pas que de beaux mots.

4. De nouveaux lieux où le slow se vit en famille

Parmi les différentes activités proposées par l’Office de Tourisme, celle qui avait été retenue à l’unanimité était Duinpanne, un centre menant aux différentes zones naturelles, où tous les membres de la famille trouvaient activité à leurs pied ; pour les petits passionnés de fonds marins, une expo interactive sur les secrets de la Mer du Nord. La muséographie de ce type de lieux symbolise bien l’inversion de la logique touristique par rapport à celle notre enfance : tout est pensé pour que les enfants découvrent en s’amusant, et finalement les parents se prennent au jeu et y apprennent, sur leurs pas, bien plus que dans un musée classique, ce qui est bien l’inverse de traîner les petits dans un musée à la papa.

De la même manière, on est invité à emprunter le chemin vers les dunes par une aire de jeux en bois avec une terrasse-buvette où les parents peuvent se poser, un oeil sur les enfants qui s’amusent ; la faune et la flore locales se découvrent au travers d’un jeu de piste à l’orée de la forêt d’où partent des sentiers aux balades plus ambitieuses.

L’exemple des offres de La Panne illustre un nouveau mode de tourisme, totalement différent de l’ancien modèle, dont la Belgique et les Pays-Bas sont précurseurs. Environnement, patrimoine et culture ne sont plus des notions ronflantes qui seraient une caution à un séjour intéressant ; au contraire, ils se vivent concrètement, loin du pur entertainment standardisé, quand notre esprit détendu s’éloigne loin des préoccupations quotidiennes.

La curiosité s’avive dans des activités qui peuvent sembler simples mais qui deviennent une évidence, l’incarnation d’un tourisme qui serait réellement « familial ». Et ce sont justement les yeux pétillants, les courses des kids dans ce « slow », qui nous font revoir la conception du voyage avec de nouveaux yeux d’enfant.

Ils finissent de nous convaincre que ce ne sont pas les grandes infrastructures touristiques et commerciales qui gravent les meilleurs moments passés en famille, mais que les collectivités locales les dépassent en mettant en valeur leurs territoires.

Office de tourisme de La Panne : https://www.depanne.be/

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